Non à l'installation d'un deuxième "Amazon Locker"
07 novembre 2020
Le 30 octobre, c’était le jour du re-confinement imposant aux commerces dits “non essentiels” de fermer leurs portes pour participer à l’effort collectif face à la pandémie de Covid-19.
Le 30 octobre, c’est aussi le jour où un un deuxième “locker” Amazon a été installé à Nevers, dans les locaux de Monoprix, situés dans l’artère historiquement nommée “rue du Commerce”.
Monoprix France a en effet choisi dans sa stratégie commerciale de mettre en place un partenariat fort avec Amazon : l’installation de consignes Amazon dans ses magasins en échange de la mise en avant de ses produits sur le site d’e-commerce.
Face aux réactions indignées de la population et de commerçant.es, Monoprix France a affirmé son soutien aux petits commerces en les invitant à tenir un stand dans le magasin Monoprix … tout en signant des accords avec Amazon, c’est un double jeu assez étrange…
Amazon France s’est de son côté défendue en arguant qu’il ne s’agissait pas de concurrence directe mais d’une “autre manière de retirer son colis” et a mis en avant l’intérêt écologique d’une livraison centralisée !! Fake news ! Faisons le point :

Amazon fait partie des grands gagnants de la crise du Covid-19 : depuis le début de l’année 2020, les ventes du géant du e-commerce n’ont cessé d’augmenter et la fortune de son président-directeur général, Jeff Bezos (l’homme le plus riche du monde), a dépassé les 200 milliards de dollars !
Amazon détruit les emplois :
Une étude de janvier 2020 montre qu’un emploi créé chez Amazon est responsable de la destruction de 4,5 emplois dans le commerce traditionnel aux États-Unis. En France, le projet (soutenu par le Président Macron) de créer 20 entrepôts détruirait 100.000 emplois dans le petit commerce.
A l’heure du re-confinement, 200.000 commerces non alimentaires sont fermés. Avec la pandémie, les commerces de proximité subissent des faillites en cascade et 26.000 suppressions d’emplois sont annoncées en France dans la grande distribution à cause de la vente en ligne.
Communiquant allégrement sur le fait de présenter à la vente les produits de plus de 11.000 PME basées en France, Amazon se garde bien de donner un chiffre plus explicite : 4,7%, c’est à peine ce que représentent les vendeurs français sur sa plateforme.
Alors qu’Amazon se vante de créer des emplois, non seulement ceux-ci sont de très mauvaise qualité, mais l’entreprise remplace progressivement ses salariés par des robots. Jeff Bezos s’est d’ailleurs fixé comme objectif d’automatiser entièrement ses entrepôts d’ici 10 ans.
Amazon, c’est une politique managériale condamnable :
Depuis des années, les salarié.es d’Amazon dénoncent des conditions de travail toujours plus dégradées, dans le chaud et le froid extrêmes, avec des cadences imposées par des scanners, entraînant des maladies professionnelles, des accidents du travail et poussant les personnes épuisées à la démission. S’ajoutent des rémunérations trop faibles, une précarité des contrats, une ubérisation du travail de livraison, une politique de surveillance des salarié.es avec la reconnaissance faciale et des pressions exercées sur les syndiqué.es.
Avec le COVID-19, 20.000 salarié.es d’Amazon se retrouvent exposé.es, comme iels ont pu en témoigner lors du premier confinement.
Amazon, c’est une empreinte écologique colossale, au moins égale à 10% de notre empreinte écologique mondiale et une responsabilité énorme sur notre avenir à tou.tes :
Le bilan carbone annoncé par Amazon est de 44 millions d’équivalent CO2, c’est-à-dire 10% des émissions de la France et l’équivalent de celles de la Bolivie. Néanmoins il est largement sous-évalué : il ne prend par exemple pas en compte les émissions liées à la fabrication des 15 milliards de produits vendus.
Les émissions liées au secteur textile et électronique représentent 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France et 25% des émissions importées.
L’industrie textile, à elle seule, est le 4ème émetteur mondial de gaz à effet de serre avec 8% de l’empreinte carbone mondiale. Pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C à la fin du siècle et éviter les famines, les migrations massives et les guerres provoquées par l’emballement climatique, il faudrait réduire par 10 les mises en marché de produits textiles et environ par 3 celles des produits électroniques. En faisant du dumping sur les prix et de la livraison ultra rapide, Amazon aggrave ce phénomène. En passe de devenir le n°1 mondial de la vente de produits textiles et électroniques, la multinationale a une énorme responsabilité.
En France, 1 entrepôt Amazon équivaut à une augmentation du trafic routier de 1.000 camions et de 4.500 camionnettes par jour. Le transport des produits qu’Amazon vend à travers le monde requiert des centaines de millions de trajets de camions, des millions de trajets en bateau et environ 48.000 trajets en avion. Son activité de stockage de données informatiques produirait l’équivalent des émissions de la Norvège chaque année.
Si le projet des 20 nouveaux entrepôts Amazon voyait le jour, 2 milliards de produits supplémentaires seraient importés. Ce projet contribue également à l’artificialisation des terres. Un moratoire s’impose !!
Amazon pratique un gaspillage de masse et entretient la société du tout jetable. Le géant de la vente en ligne est une des plus grandes multinationales au monde : il joue un rôle majeur dans notre modèle consumériste. Face à l’urgence climatique, un autre modèle s’impose !
Amazon, champion de l’évasion fiscale et de la fraude à la TVA, à l’impôt sur les sociétés et aux impôts locaux :
57% du chiffre d’affaires d’Amazon est dissimulé dans les paradis fiscaux.
98% des vendeurs sur la market place d’Amazon fraudent la TVA en France.
La multinationale paie proportionnellement beaucoup moins d’impôts que les commerçant.es. Son développement signifie donc une perte de recettes fiscales pour l’Etat, alors que la crise sanitaire a pourtant montré à quel point nous avons besoin de financer des services publics de qualité.
Amazon, symbole d’un système économique que nous qui doit cesser :
Amazon oscille entre la première et la deuxième place des principales capitalisations boursières du monde grâce à ses investisseurs, dont le désormais célèbre Black Rock.
L’activité de distribution d’Amazon ne rapporte pas d’argent. Dans un premier temps Amazon détruit la concurrence en affichant des prix trop bas. Ces pertes sont compensées par d’autres activités (Amazon est le n°1 du stockage de données informatiques au monde). Amazon ne génère des bénéfices que depuis 2014 et a réinvesti ses 11 milliards de bénéfices de 2019 dans la poursuite de son expansion rapide. Amazon ne verse toujours pas de dividendes à ses actionnaires, et les marchés attendent d’elle des taux de croissance importants. C’est donc une nécessité pour Amazon de vendre toujours plus, qu’elle affiche dans son rapport d’activité.
Pour toutes ces raisons, nos groupes locaux ANV-COP21 Nevers, Alternatiba Nevers et ATTAC 58 ont décidé de manifester leur opposition à l’implantation de cette seconde consigne à Nevers, la 3ème dans le département et appellent la population à boycotter Amazon et soutenir les commerces locaux.
#StopAmazon
Changeons le système, pas le climat !
Un autre monde est possible !